La Haute Autorité de Santé vient de publier son rapport sur l’évaluation du test HPV dans le dépistage du cancer du col de l’utérus et recommande désormais son utilisation en première intention à la place du frottis chez les femmes de plus de 30 ans. Cette décision s’appuie sur de nombreuses publications de niveau de preuve élevé de la supériorité du test HPV sur le frottis dans cette indication. Cette recommandation est un réel pas en avant pour la santé de femmes françaises. La SFCPCV se félicite de cette décision que nous attendions depuis de nombreuses années.
Alors en pratique qu’est-ce que cela change ? L’âge auquel nous devons dépister les femmes ne change pas : de 25 à 65 ans. Mais, du fait de la haute prévalence des infections transitoires à HPV chez les femmes les plus jeunes, le dépistage chez les femmes de 25 à 30 ans reste basé sur l’utilisation du frottis avec les deux premiers frottis devant être réalisés à un an d’intervalle. Le frottis suivant sera réalisé trois ans plus tard. Pour ces femmes les plus jeunes, la prise en charge du frottis anormal s’appuie sur les recommandations en vigueur publiées par l’INCa fin 2016. Par contre, à partir de 30 ans, l’HAS ne recommande désormais plus le frottis tous les 3 ans, mais un test HPV tous les 5 ans et ce jusqu’à 65 ans. Si le test HPV est positif, les patientes ne devront pas directement être adressées en colposcopie mais auront alors un frottis de triage. Seules les patientes ayant un frottis anormal au seuil ASCUS devront avoir une colposcopie. Les patientes ayant un frottis normal ne devront pas avoir de colposcopie mais un contrôle du test HPV un an plus tard.
La publication de cette recommandation s’inscrit dans le cadre de la mise en place actuelle du dépistage organisé, lancé en début d’année. Malheureusement, à ce jour, le test HPV n’est pas encore remboursé dans cette indication. Il est donc encore trop tôt pour permettre son utilisation généralisée. Nous espérons que la CNAM se positionnera rapidement sur ce sujet pour permettre à toutes les femmes de profiter de cette nouvelle recommandation.
Dans tous les cas, il va être essentiel de communiquer largement auprès de la communauté médicale pour éviter toute dérive des pratiques. En particulier, la forte prévalence des infections à HPV risque d’augmenter le nombre de colposcopies réalisées et de conduire à des sur traitements si les recommandations ne sont pas rigoureusement respectées. Il est évident que l’organisation du dépistage et son succès sont un enjeu pour nous tous et vont nécessiter des colposcopistes pertinents et investis, c’est-à-dire ayant adhéré à la charte de qualité comme recommandé par l’INCA.
Pour en savoir plus :
https://www.has-sante.fr/jcms/c_2806160/fr/evaluation-de-la-recherche-des-papillomavirus-humains-hpv-en-depistage-primaire-des-lesions-precancereuses-et-cancereuses-du-col-de-l-uterus-et-de-la-place-du-double-immuno-marquage-p16/ki67 |